Critique « Ferrari »

3–5 minutes

Article écrit par :

Date : 2024

Durée : 2h00

Réalisateur : Michael Mann

Acteurs principaux :       

Dispo : Amazon Prime 

Il aura fallu 8 ans à Michael Mann pour revenir avec un nouveau film. Bien qu’ayant effectué un passage par la télévision en réalisant le pilote de la série « Tokyo Vice », le réalisateur de « Heat » revient avec un projet long de 30 ans de gestation. Un film qui n’a bien failli ne jamais voir le jour.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est important de dire un mot sur la distribution du film.
En France, il est disponible sur Amazon Prime. Ailleurs en Europe et aux US il bénéficie d’une sortie salle.
On se trouve donc, à une époque dans laquelle des réalisateurs de la trempe de Mann, voient leurs films bazardés sur une plateforme de streaming sans la moindre promotion. Vous le verrez donc au mieux sur un rétroprojecteur, au pire, sur une tablette. C’est d’autant plus frustrant et révoltant que dès les premières minutes du film tout y est. Un scope incroyable, de la mise en scène, des personnages qui existent immédiatement et devant lesquels les acteurs s’effacent. Pas de doute on est bien face à un film de cinéma, tailler pour le grand écran.

Ceci étant dit, revenons-en au film.

Italie, été 1957. Enzo Ferrari est au bord de la faillite. L’entreprise qu’il a bâtie avec sa femme Laura menace de s’effondrer. Il décide de se lancer à fond dans l’emblématique Mille Miglia, une course automobile longue distance à travers l’Italie.

Plutôt que de nous pondre un biopic ultra-classique en traitant l’évolution du personnage de sa naissance à sa mort, Mann décide de se focaliser uniquement sur cette année particulière de la vie d’Enzo. Et on peut faire confiance au réalisateur qui a passé littéralement des décennies à l’étudier. Il n’a pas choisi cette date par hasard, c’est une date charnière ou énormément d’éléments personnels et professionnels vont concorder. Et c’est là une des premières grandes forces du film. Sa narration et la volonté de Mann de faire une sorte « d’anti-biopic ».

On le sait, Michael Mann est un réalisateur sensitif, il va très souvent nous impliquer émotionnellement dans ce que ressentent ses personnages. Quitte à par moment couper les dialogues pour uniquement faire passer les émotions par la mise en scène et la lumière. À l’image des scènes finales de « Heat » ou encore « Le Dernier des Mohicans ».

Et pour cela il est aidé d’un casting impeccable. Adam Driver s’en sort parfaitement (malgré l’accent italien un peu forcé et pas nécessaire. Mais rassurez-vous, on est loin de la caricature gênantes de l’ensemble du casting de l’immonde « House of Gucci »). Il incarne un personnage froid et control freak que Mann va tout de même tenter d’humaniser à travers la panoplie de protagonistes qui l’entourent, sa femme, son amante, son fils, ses employés. Ici encore, difficile de ne pas faire le rapprochement entre Enzo et Mann. A travers ce personnage, il parle de lui aussi. Les deux partageant un caractère maniaque et obsessionnel.

Mais celle qui tire vraiment son épingle du jeu est sans conteste Penélope Cruz, qui interprète donc Laura, la femme d’Enzo. C’est à mon sens le cœur émotionnel du film. C’est à travers ce personnage meurtri par la perte d’un enfant que le spectateur va tout ressentir.

Au niveau de la mise en scène, comme à son habitude, Mann va se focaliser sur les cadres et la lumière pour nous faire ressentir les émotions des personnages et leurs conflits intérieurs. On pourra citer sans trop spoiler, la scène de découverte d’une maison par le personnage Laura, sans aucun dialogue mais ou tout est suggéré et compréhensible par le spectateur. Tout ça uniquement à travers le cadre, la lumière et le jeu d’actrice.

On peut également tirer notre chapeau une nouvelle fois au chef opérateur Erik Messerschmidt, qui avait déjà réalisé des merveilles sur « The Killer » de Fincher. Il réitère ici en nous gratifiant d’une lumière absolument sublime. Il est définitivement, avec Greg Fraiser, l’un des plus talentueux à l’heure actuelle.

On retiendra également des scènes de courses impressionnantes bien qu’elles ne soient pas au centre du film. Et en particulier un passage sur un tristement célèbre accident que Mann filme frontalement sans jamais détourner le regard. Puissant et viscéral.

Vous l’aurez compris on est bien face à un excellent film. Et même s’il ne se hisse pas au rang des chefs-d’œuvre qu’a pu nous offrir Mann, tel que « Heat » ou encore « The Insider », il nous livre un très bon crû qui malheureusement ne sera pas vu dans les conditions voulues par le réalisateur.

Critique rédigée par Georges

Notre note :

Note : 4 sur 5.

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