Date : 2024

Durée : 2h24

Réalisateur : Juan Antonio Bayona

Acteurs principaux :       

•  Enzo Vogrincic
• Agustín Pardella
• Matías Recalt

Dispo : Netflix

Critique rédigée par Georges

« ¿Quienes fuimos en la montana?  »

En 2007, le monde découvre le visage d’un nouveau réalisateur venu d’Espagne qui a su rapidement s’imposer comme un des plus grands cinéastes de sa génération. Et pour cause, Juan Antonio Bayona, livre comme première œuvre, l’incroyable « L’orphelinat ». Film d’horreur fantastique, porté par une ambiance remarquable et un véritable talent pour la mise en scène.

On lui doit également le sublime « A Monster Call » , le très très bancal « Jurrasic World : The Fallen Kingdom » qui, malgré de très belles idées visuelles n’arrive pas à sortir du naufrage, contraint par un système hollywoodien qui ne laisse plus de place aux artistes et qui verrouille et surveille chaque aspect de la production.

Mais on lui doit avant tout, « The Impossible ». Film catastrophe adapté du tragique tsunami de 2004, dans lequel il déploie tous ses talents, de réalisateur, directeur d’acteur et conteur. Un objet filmique rare, d’une puissance émotionnelle ahurissante et d’une beauté sans nom.

Il était donc logique qu’il s’attelle au traitement d’une autre histoire vraie, toute aussi impressionnante et viscérale que celle relatée dans « The Impossible ». Il va d’ailleurs être difficile de ne pas rapprocher les deux œuvres tant elles partagent des thématiques communes et la même maestria technique.

Cette histoire est celle d’un crash d’avion, survenu en 1972 lorsqu’une équipe de rugby se retrouve piégée en plein milieu de la Cordillère des Andes. Les survivants vont devoir s’adapter dans ce milieu hostile.

Avant de rentrer dans le vif de sujet, bien que les faits soient mondialement connus et aient déjà bénéficié de plusieurs adaptations (documentaire, film…), je tiens à prévenir que nous allons devoir spoiler divers rebondissements, dans l’optique de traiter le film dans son ensemble.

Comme dans « The Impossible », Bayona va donc s’inspirer d’une histoire vraie pour raconter celle d’une lutte pour survivre. L’Homme face à la nature et sa capacité à se surpasser et repousser ses limites, qu’elles soient physiques ou psychologiques.

La premier aspect qui saute aux yeux quand on se plonge dans le film est sa facture technique. Et comme pour « Ferrari » dont nous avons parlé récemment, le film ne bénéficie pas, du moins en France, pays du cinéma on le rappelle, d’une sortie cinéma. Et c’est une nouvelle fois extrêmement regrettable et révoltant. 

Le film est d’une beauté à couper le souffle. Que ce soit au niveau de la lumière, du décors, de la réalisation, tout est fait pour être vu sur grand écran. 

Bayona use massivement de courte focale pour nous plonger au plus près des émotions et des personnages. On arriverait presque à compter les flocons de neiges sur leurs visages. Et cela va imprégner et impliquer le spectateur sans jamais le lâcher durant toute la durée du métrage. Certaines scènes sont particulièrement éprouvantes, tant on se sent enfermé et pris au piège avec eux. À l’image de la scène absolument incroyable de l’avalanche.

Point central de film, la question du cannibalisme est extrêmement bien traitée. Bayona arrive à aborder le sujet frontalement mais sans jamais trop en montrer, le tout avec une froideur extrême. On récent le dilemme intérieur des survivants, entre ceux qui n’hésitent pas, par instinct de survie, pendant que d’autres luttent contre la faim et repoussent le passage à l’acte. Très souvent par croyance. Car la religion va jouer un rôle très important et sera très souvent questionnée au fil de ce que vont vivre les personnages.

Mais cela n’en fait pas pour autant une oeuvre déprimante, bien au contraire. C’est une véritable odyssée humaniste qui en dit énormément sur notre rapport à la nature et nos semblables. Et cela en fait déjà un des plus grands films de 2024.

Bayona prouve donc une nouvelle fois qu’il est un des plus grands cinéastes en activité. Il nous livre une oeuvre puissante, complexe et profondément humaine. On ne sait pas encore dans quel projet le réalisateur espagnol va se plonger, mais on l’attend d’ores et déjà avec impatience.

Notre note :

3 films dans le même thème:

• The Impossible (2012)
• The Grey (2011)
• 127 heures (2010)