Date : 2023
Durée : 1h40
Réalisateur : M.Night Shyamalan
M.Night Shyamalan a connu l’un des débuts de carrière les plus remarqués des années 90.
En effet, si les deux premiers films du réalisateur ( Praying with Anger et Eveil à la vie) sont passés relativement inaperçus, c’est en 1999 que le grand public va découvrir le cinéma de Shyamalan avec le choc qu’a été Le Sixième Sens.
Quoi qu’on pense du film, il a su conquérir le public et a propulsé Shyamalan comme un réalisateur majeur. Il confirmera sa place parmi les grands avec Incassable, véritable redéfinition du film de super-héros, et Signes, pinacle de l’œuvre du réalisateur, où les questions de la croyance et la paranoïa sont au centre d’un huit-clos étouffant.
J’ai, par ailleurs, de la sympathie pour son film suivant: Le Village, mais il faut reconnaître que l’on y voit les limites de son Cinéma et le cliché du twist final commence à s’essouffler. La suite de sa carrière m’intéresse beaucoup moins, et atteint les tréfonds de l’embarras avec After Earth dont je ne veux même pas parler tant celui-ci est honteux. Son film le plus récent, Old, sorti en 2021 ne m’a pas convaincu malgré un pitch alléchant: une famille se rend sur une plage où ils vieillissent en accéléré.
C’est donc avec beaucoup d’appréhension que lors du 30e anniversaire du festival international du film fantastique de Gérardmer (excusez du peu) je me suis rendu en salle pour découvrir son nouveau film : Knock at the Cabin.
Qui ? quoi ? comment ?
Nous suivons 2 papas et leur jeune fille qui, lors de leur vacances dans une cabane dans les bois (vous avez la ref ?) vont voir 4 personnes se présenter à leur porte avec un dilemme impossible à résoudre pour empêcher le monde de s’écrouler, ils doivent sacrifier un membre de leur famille.
Pourquoi ? Comment ? Qui sont ils ?
À noter que le film est une adaptation (du moins le concept) du livre de Paul G Tremblay the cabin at the end of the world publié en 2018.
Home invasion, huis clos, thriller et évidemment croyance divine (thème principal du réalisateur). M. Night Shyamalan veut revenir à l’essence de son oeuvre dans un film presque intimiste où chaque personnage va voir ses croyances et ses certitudes remises en question par l’arrivée de ces quatre cavaliers de l’apocalypse (inversés?).
Qu’est-ce qu’il vous faut pour y croire ?
Comme précisé plus haut, le cinéma de Shyamalan n’est question presque que de croyance. Évidemment pour les personnages mais aussi pour le public.
Une fois que les quatre cavaliers sont entrés et ont maîtrisé les protagonistes, ceux-ci sont attachés sur une chaise et se retrouvent donc dans la même position que les spectateurs, à écouter les arguments et les théories avancés par les assaillants.
Si l’un des papas (un avocat évidemment) va chercher à démonter leur propos et trouver des failles dans leur discours, on sent chez son mari le doute s’installer. Une dualité qui se veut reflet du public qui hésite, qui doute mais qui écoute tout de même ce que ce quatuor peu ordinaire a à dire. Doute possible et appuyé par la sympathie et l’humanité qui se dégagent de ce groupe. Reste la jeune Wen, qui ne veut que se cacher et attendre que ce calvaire prenne fin.
Si le jeu et la direction des acteurs sont tout à fait admirables, tout comme les décors et la mise en scène au plus proche de ces derniers, mon problème se situe dans le scénario. Évidemment loin de moi l’idée de vous divulgâcher le film, toujours est-il que celui-ci devient assez redondant et attendu. En effet, passé la découverte du concept du film, celui-ci peine à l’approfondir ou à le renouveler.
Vous vous souvenez que c’est une adaptation ? (bien sûr que vous vous en souvenez c’était juste au dessus, suivez un peu) et bien si on regarde le déroulé des événements du livre, on se rend vite compte de son propos et de ses prises de positions sur la situation initiale, ce qui nous mène à regretter le chemin pris par les scénaristes et le réalisateur. Attention ! On ne doit pas juger un film sur ce qu’il n’est pas ! Cela dit ce qu’on perd en terme de scénario et de construction des personnages, on ne le gagne pas vraiment en suspens et en émotions.
Cela dit, on sent l’amour que Shyamalan a pour ses personnages et veut parler de ses thèmes de prédilections, donc la croyance, la famille et la paranoïa. Celui-ci opte alors pour un œuvre plus humaine et plus emphatique que l’auteur qu’il adapte. En sort, un film certes divertissant mais moins marquant que ce que l’on peut espérer.
À noter que mon point de vue est forcément biaisé par le fait que j’ai vu d’ autres films du réalisateur et que je vois plus ou moins ce qu’il cherche à dire à travers son œuvre. Je pense sincèrement que pour un/ une spectateur.rice qui découvre le Cinéma de Shyamalan (ou qui ne le connaît pas plus que ça), le film a de quoi séduire et surprendre. Ce n’est pas, d’après moi, un film majeur dans sa filmographie mais c’est très certainement une bonne porte d’entrée.
Est-ce qu’on s’est laissé convaincre ?
En conclusion, qu’est qui ressort de Knock at the Cabin ? Contrairement à ce qu’on pourrait penser en me lisant, j’en ressort avec un peu d’espoir. De l’espoir dans le cinéma de Shyamalan.
Effectivement, même si le film peine à me convaincre et est quand même assez attendu, on a perdu l’embarras des long métrages précédents du réalisateur. L’intro du film est une réussite totale, simple contre champs entre Batista, véritable armoire à glace, et la jeune et fragile Wen. Tout en dialogue, doux et tendre, qui nous présente Batista comme un véritable nounours et Wen comme une jeune fille intelligente qui n’a pas sa langue dans sa poche. Le film ne perd pas de temps et commence fort, il garde sa ligne directrice jusqu’au bout sans perte de rythme et la mise en scène sobre mais élégante de Shyamalan vient appuyer les moments de tensions mais aussi et surtout les moments d’amour entre les deux papas et leur fille.
M. Night Shyamalan n’a pas encore retrouvé son mojo mais Knock at the Cabin reste un bon divertissement et nous fait espérer un renouveau dans sa carrière.
Notre note :
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Critique rédigée par Théo





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