Critique : « Hurlements »

3–4 minutes

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  • Durée : 1h31
  • Réalisateur : Joe DANTE
  • Acteurs : Dee WALLACE – Patrick MCNEE – Dennis DUGAN – Christopher STONE
  • Date de sortie : 1981
  • Diffusion Plan Cultes : Mardi 7 mai 2024

Résumé : Une série de meurtres effroyables terrorise la population de Los Angeles. Une jeune journaliste de télévision mène sa propre enquête.

Critique (sans spoilers) : Quelle est la part de bestialité que chacun d’entre nous conserve au fond de soi ? C’est à cette question que tente de répondre Hurlements, deuxième réalisation de Joe Dante après Piranhas, le premier film au succès surprise et avant Gremlins, celui de la consécration.

Un sujet ambitieux pour un film d’horreur magistralement réalisé mais qui souffre quand même de quelques défauts, notamment en termes de narration.

Dans sa première partie, assez courte, le film met en scène Karen White (Dee Wallace), une journaliste en reportage à Los Angeles qui cherche à entrer en contact avec un tueur en série, qu’elle séduit et provoque, tout en étant suivie par la police et une chaine télé.

Tandis qu’elle évolue dans un univers urbain glauque et crade, filmé dans un halo de néons blafards (on pense au Scorsese de Taxi driver ou au voyeurisme ambigu de De Palma) des hommes en costume et à l’air sérieux échangent des propos lénifiants sur des sujets techniques. Deux mondes que tout oppose, celui, policé, de la représentation sociale et l’autre, celui des pulsions troubles. Le tout ponctué par le discours du professeur Waggner (Patrick Macnee), qui appelle à ne jamais nier « l’animal qui est en nous ».

On l’aura compris, la trame du film se situe dans ce combat entre l’acquis et l’instinct, entre la sophistication et le primitif, que l’être humain porte en lui depuis la nuit des temps. Un propos que Joe Dante affirmera dans la seconde partie du film, lors de laquelle l’opposition entre la civilisation et la sauvagerie trouvera sa représentation parfaite, en l’espèce le loup-garou.

Traumatisée par son expérience, Karen décide d’aller se reposer avec son mari dans une sorte de centre dirigé par le même docteur Waggner, appelée « La Colonie ». Peuplée en apparence de braves Américains plein d’empathie et de gentillesse, qui organisent des barbecues sur fond de concert country, cette communauté recèle en son sein de drôles d’énergumènes.

Hurlements offre alors des moments de cinéma d’une beauté stupéfiante. Il y a bien sûr les scènes mythiques de transformation en loup-garou. Véritables prouesses techniques aux effets spéciaux époustouflants, elles ont aussi cette capacité à saisir – notamment dans leur durée – le caractère libérateur de la mutation.

Devenir un loup-garou, c’est assumer sa part d’animalité et retrouver le plaisir de la chair à dévorer et la puissance de la sexualité (y compris à travers l’adultère). Pour les membres de « La Colonie », la civilisation et ses principes ne sont en fait qu’une entrave aux instincts primaires, dont la libération leur permet de retrouver le goût de la vie.

D’une manière plus générale, cette deuxième partie baigne dans une ambiance onirique superbement rendue grâce à la qualité de la photo et de la musique, dans un décor dont les brumes mystérieuses influent directement sur le mental tourmenté de l’héroïne. Enfin, les scènes d’action sont filmées avec une indéniable efficacité, notamment toutes celles de la fin, lorsque les conflits se déchainent.

Malheureusement, si la pertinence du propos et l’efficacité de la mise en scène ne font aucun doute, la narration n’est pas toujours à la hauteur de l’ambition. Baisse de rythme et récit parfois mené sans grande conviction, approximation scénaristique, personnages sans trop d’intérêt, tous ces éléments donnent par moments au film un côté atone assez désagréable.

Pour l’anecdote, Rob Bottin, créateur des effets spéciaux sur Hurlements, avait comme mentor Rick Baker, mobilisé lui sur l’autre grand film de l’époque, Le Loup-garou de Londres de John Landis, sorti la même année. Les deux films présentent de nombreux points communs, mais on doit reconnaître que, si l’approche thématique de Joe Dante est plus riche et plus profonde, l’œuvre de Landis, davantage équilibrée et cohérente, est un cran au-dessus.

Que regarder après :

Ginger snaps

Red alerte

Buffy contre les vampires

La compagnie des loups

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant

Pauvres créatures

Small soldier

Dr Jerry et Mister love

Piranhas

Dog soldier

Sambre (série)

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