LOLITA

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Un film de Stanley Kubrick

Le résumé

Humbert Humbert, un professeur de littérature française s’installe dans une petite ville des Etats-Unis. Il loue une petite chambre dont la gérante est Charlotte Haze. Cette dernière tombe follement amoureuse de lui, tandis que lui n’a yeux que pour la fille de Charlotte, Lolita.

L’avis du Poulpe

Lorsqu’il décide d’adapter à l’écran le célèbre roman de Nabokov, Stanley Kubrick a déjà 5 films à son actif. Pour lui l’enjeu est de taille, car il est bien décidé à affirmer son univers personnel, en refusant les diktats des producteurs (dont Kirk Douglas qui fut particulièrement autoritaire sur le tournage de Spartacus). Il s’installe alors en Angleterre pour réaliser Lolita (où il restera définitivement), loin de la tyrannie d’Hollywood, tout en s’assurant le contrôle total sur le montage final du film (il créera d’ailleurs peu après sa propre société de production).

Lolita est donc une œuvre charnière dans la filmographie de Stanley Kubrick, celle qui trace la délimitation entre le réalisateur de talent et le créateur de génie. En effet, c’est à partir de ce film que le cinéaste adopte le processus créatif unique qui le caractérise et qu’il utilisera tout au long de sa carrière : sur la base d’une œuvre littéraire dont il conserve la trame, Kubrick écrit (ou co-écrit) un scénario, par lequel il se réapproprie l’histoire pour en proposer sa propre lecture, tout en faisant preuve d’un grand perfectionnisme dans la réalisation.

Soucieux de contourner la censure, Kubrick réécrit la première version du scénario proposée par Nabokov (qu’il trouve trop longue et trop fidèle au roman) et choisit une actrice plus âgée que le personnage du roman (Sue Lyon, 14 ans à l’époque, qui fut traumatisée par cette brutale immersion dans le monde du cinéma, qu’elle quittera rapidement). Ce faisant, il adopte un point de vue décalé, en modifiant la structure narrative et surtout en privilégiant l’humour et l’ironie.

Par ces choix, Kubrick atténue volontairement la dimension dramatique de l’histoire originale et en profite pour délivrer une critique acerbe de la société américaine de l’époque, peuplée de bourgeoises hystériques (superbe Shelley Winters) et de mâles pervers, qui oscillent entre le pathétique (James Mason et son air pitoyable) et le maléfique (Peter Sellers dans une prestation totalement déjantée, qui annonce celle de Dr Folamour). 

Alors, soyons honnête, Lolita est plus académique et moins flamboyant que les chefs-d’œuvre à venir, souffrant même de quelques longueurs. Mais il n’en reste pas moins un grand film, qui permet au réalisateur d’Orange mécanique d’affirmer sa maîtrise formelle, posant ainsi les bases de sa mise en scène et de son univers hors du commun.

A sa sortie, Lolita scandalise les milieux puritains (au point d’être interdit dans certains pays) et suscite de virulentes critiques, y compris parmi les défenseurs de Nabokov, qui estiment que Kubrick a trahi l’esprit du roman. Mais le film fut un important succès public, lui permettant d’acquérir son indépendance. Il devient alors le réalisateur tout puissant que l’ont connait, dont l’œuvre marquera le cinéma du 20ème siècle.

La fiche technique

  • Titre original : Lolita
  • Durée : 2h33
  • Réalisateur : Stanley Kubrick
  • Pays d’origine : USA
  • Distribution : James Mason – Sue Lyon – Shelley Winters – Peter Sellers
  • Date de sortie : 1962
  • Genre : drame psychologique
  • Budget : 1,5/2 M$

La bande annonce :

Le Plan culte

Séance : Mardi 14 janvier à 19h30 (Cinéma Artplexe)

Recommandations :

– « Call Me by Your Name » (2017) – Luca Guadagnino
– « Le Consentement » (2023) – Vanessa Filho
– ⁠« Hard Candy » (2005) – David Slade
– « La Luna » (1979) – Bernardo Bertolucci
– « L’Amour et les Forêts » (2023) – Valérie Donzelli
– « Mort à Venise » (1971) – Luchino Visconti
– « Festen » (1998) – Thomas Vinterberg
– « Volver » (2006) – Pedro Almodóvar
– « Eyes Wide Shut » (1999) – Stanley Kubrick
– « The Hunt » (2012) – Thomas Vinterberg
– « Barry Lyndon » (1975) – Stanley Kubrick
– « Léon » (1994) – Luc Besson
– ⁠« Lost in Translation » (2003) – Sofia Coppola
– ⁠« Pink Flamingos » (1972) – John Waters
– ⁠« L’Innocence » (2004) – Lucile Hadzihalilovic

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