Un film d’Alfred Hitchcock
Résumé
Le publicitaire Roger Tornhill se retrouve par erreur dans la peau d’un espion. Pris entre une mystérieuse organisation qui cherche à le supprimer et la police qui le poursuit, Tornhill est dans une situation bien inconfortable. Il fuit à travers les Etats-Unis et part à la recherche d’une vérité qui se révèlera très surprenante.
Et Hitchcock créa le film d’action moderne
Sorti en 1959, La mort aux trousses est le 23ème long-métrage américain d’Hitchcock et le plus cher de sa carrière, le seul qu’il tourna pour la prestigieuse MGM. A l’époque, les grands studios hollywoodiens luttent contre l’invasion de la télévision dans les foyers américains et font tout pour proposer un vrai spectacle en salle. D’où cette débauche de moyens qui permet à Hitchcock de s’en donner à cœur joie , avec un scénario en béton, un casting de haut vol et surtout une mise en scène d’une maitrise totale.
Placé entre deux œuvres sombres et névrosées (Sueurs froides, Psychose), La mort aux trousses assume pleinement sa vocation de divertissement hollywoodien. Le film embarque le spectateur dès sa première scène et le tient en haleine pendant plus de 2h, l’entrainant dans une course folle à travers les Etats-Unis, de New-York au Dakota du sud, en passant par Chicago. Les scènes cultes s’enchainent avec fluidité, toutes d’une virtuosité incroyable et avec pour seule vocation de procurer le maximum de plaisir cinématographique. Un plaisir renforcé par la précision et l’inventivité du scénario, la qualité de l’interprétation (avec un Cary Grant au sommet de sont art) et la puissance de la bande-son de Bernard Herrman.
Hitchcock, qui a toujours aimé créer de la connivence avec le public, trouve ici un objet à sa (dé)mesure. Qu’il s’agisse du fameux « Mc Guffin » (tromper le spectateur en focalisant son attention sur un détail qui ne sera qu’un prétexte pour faire avancer l’histoire) ou du suspense « ‘hitchcockien » (donner à ces derniers des informations que les personnages n’ont pas), le film se lit comme la quintessence de son univers.
Sorti sur les écrans 3 ans avant le 1er James Bond, La mort aux trousses peut être considéré comme la matrice du film d’action moderne, qui structurera tout un pan du cinéma hollywoodien, de Spielberg à Mc Tiernan, en passant par Lucas et Cameron. Un incontestable chef-d’œuvre !
Fiche technique

- Titre original : North by Northwest
- Durée : 2h16
- Réalisateur : Alfred Hitchcok
- Pays d’origine : USA
- Distribution : Cary Grant – Eva Marie Saint – James Mason – Martin Landau
- Date de sortie : 1959
- Genre : Thriller d’espionnage
Plan culte
Séance : Mardi 11 février à 19h30 (Cinéma Artplexe)

Recommandations
- James Bond
- The game
- L’homme de Rio
- L’inconnu du Nord express
- Indiana Jones
- The big Lebowsky
Critique du Poulpe (par Séraphin)
Hitchcock, architecte de l’angoisse
L’histoire est celle d’un espion imaginaire, créé de toutes pièces par la CIA afin de leurrer l’ennemi. Un homme ordinaire, pris pour cet espion, serait mêlé à un assassinat à l’ONU et finirait sa course sur le mont Rushmore. D’une façon ou d’une autre, l’homme pourchassé se retrouverait caché dans une narine de Lincoln. Hitchcock envisage le film comme la visite d’une suite de décors à l’échelle du continent traversés par son faux coupable en fuite.
Le scénario de La Mort aux trousses n’est que prétexte à une succession de visions, que seul le médium cinématographique peut incarner. C’est ce qu’admire François Truffaut lorsqu’il souligne la gratuité absolue de la scène de l’avion, une séquence qui, ne faisant en rien avancer l’action, ne peut être qu’une idée de cinéaste. Pour le critique français, jeune réalisateur à cette date, le cinéma ainsi exprimé devient un art abstrait. Lors de la sortie du film en France, Hitchcock revient pour Les Cahiers du cinéma sur son éternel motif de la poursuite : le thème du faux coupable en fuite sert sa mise en scène, en permettant beaucoup de mouvement et en induisant de nombreux changements de décors. Ceux de La Mort aux trousses, loin d’être de simples arrière-plans, ont une fonction dynamique, l’action devant surgir des particularités d’un environnement.

Le dénouement a lieu dans une luxueuse maison d’architecte… Qui n’a cependant jamais existé. De là-haut, la vue est imprenable. La maison est construite à flanc de montagne, à quelques pas du mont Rushmore, avec une terrasse panoramique reposant sur imposants piliers d’acier. Mais Roger Thornhill n’a pas le temps de contempler le paysage : il doit à tout prix empêcher Eve de prendre l’avion avec Vandamn car celui-ci a prévu de la tuer. Eve est une agent d’un bureau de renseignement infiltré dans l’entourage du malfaiteur pour récupérer des microfilms destinés à une puissance ennemie. Sa couverture est sur le point de partir en éclat sans qu’elle le sache. Dans un mélange d’empressement et de précaution, Thornhill tente de pénétrer dans la demeure. Compliqué avec toutes ces immenses baies vitrées. Il lui faudra ruser, longer la structure de pierre et grimper le balcon pour s’introduire dans la bâtisse.
La maison n’a jamais existé. Hitchcock l’a pourtant longtemps cherchée, lui qui voulait une incarnation du luxe moderne reflétant l’aisance matérielle de Vandamn. Le cinéaste jette son dévolu sur l’architecte américain Franck Lloyd Wright, au pic de sa gloire, et dont le style est reconnaissable par le grand public. Mais les exigences financières de celui-ci sur un film précédent (10% du budget global) refroidissent la production.
Qu’importe, les décorateurs de la MGM vont s’inspirer du travail de Wright, et notamment de la célèbre Fallingwater et ses terrasses suspendues face à une cascade, un chef-d’oeuvre d’architecture construit en Pennsylvanie vingt ans auparavant. Sur le site du mont Rushmore, la fragilité de l’environnement met rapidement à mal toute tentative de construction. Hitchcock opte alors pour la solution du studio, les effets spéciaux permettant de faire croire à l’authenticité de la maison lors des plans d’ensemble.
De fait, l’illusion à l’écran est totale, métaphore des faux-semblants qui ont fait de la petite vie placide de Roger Thornhill une course contre montre…. et la Mort.





Laisser un commentaire